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J’ai dansé pour les dieux
Ma taille, par ma robe étroitement pressée, voudrait s’élancer,
s’élancer hors de ce qui l’enserre et la retient,
comme s’élancerait la feuille captive du bourgeon,
comme jaillit du bouton qui l’enserre, comme s’éploie
l’ample calice de la fleur.
Obéissant à de célestes mesures
mes bras, au-dessus de la tête, s’élèvent et se balancent,
je prends mon essor et vole, taille tendue ;
mes jambes légères, tels des rubans, flottent au vent.
J’ai cessé d’être corps, je ne suis plus pensée,
Je ne suis plus désir, ni douleur, ni frayeur,
je suis solitude et joie.
De mon corps trop pesant, j’ai fait le sacrifice,
la cadence des étoiles m’anime,
j’ai perdu la parole et suis immatérielle,
seule dans l’oubli de ma vie...
L’âpre loi de la terre autour de moi s’est relâchée,
un rythme caressant m’attire et me repousse,
me porte sur son flot et me donne des ailes,
j’oublie ma rude vie et Dieu seul me voit ;
au rythme de ma danse sacrée
vont des milliers d’étoiles.
Sophie Török