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Les Gertrude Hoffman girls

 

Louise, Margaret, Ferral, Harriet, Sara,

Florence toute nue, Margaret, Toots, Thelma

Paul Éluard

Toutes les belles d’aube à brûler les minuits,
Celle rose en dedans ainsi qu’une blessure
Et l’autre qui fermait les colombes du bruit,
Toutes uniquement vêtues de chevelure !
 
La rousse qui buvait la foudre du plaisir,
Ferral râlante de son désir satanique,
Sara dont l’onde était transparente à saisir
Et Toots blanche comme un tulipier d’Amérique !
 
Je vous revois aux bouquets rouges du Moulin,
Chastes danseuses phosphorescentes de soufre
Cibles saoules de sève, de saule et de seins,
Mêlant une pudeur de cime au vent du gouffre !
 
Mary chaude, Gertrude pâle aux trous de ciel
Qui revivent encore au Far-West agricole,
Florence “toute nue” comme un péché mortel,
Faibles d’avoir frôlé la flamme d’être folles !
 
Celui qui vous hantait des mots de son espoir
A quitté le poème où subsistaient vos ombres
Il y a si longtemps dans le passé tout noir
Et c’était hier pourtant que vos yeux étaient sombres.
 
Ah ! Fallait-il par vous savoir que se fanaient
Les fleurs, les lèvres, les femmes et les poètes.
Vous aviez des tendresses d’ambre et de forêt
Qui firent ce que vous fûtes et que vous êtes !
 
Pouvez-vous n’être plus que la cendre du feu,
Des vieilles laides dans les églises baptistes,
Des paumes de lessive au bord des fleuves bleus,
Lourdes de déchéance et veuves d’améthyste ?
 
Non ! Ferral blanchisseuse dans l’Alabama ?
Et Ruth fille pour rois qui travaille à journées ?
Toots l’épouse d’un croque-mort du Nebraska
Et Thelma devenue une prostituée ?
 
Ah ! Ne plus être belle après avoir charmé
Les météores qui brûlaient, Place Pigalle,
La centaurée des cœurs et l’herbe des baisers
Et pleurer la lumière éteinte des étoiles.
 
C’est tout cela qui touche un peu chaque matin
Car c’est la chute et non l’amour qui s’éternise
Et je rêve au poète mort du Tabarin
Qui fait ressusciter pour moi vingt ombres grises
 
Anonymes d’ébène et semblables de lait,
Par les frigides fleurs d’un lumineux arcane
Les mots diront, de l’infra-rouge au violet,
Le magique arc-en-ciel des femmes qui se fanent
 
C’était le temps des floraisons et des amours
L’acacia tendait à l’ombre un sein de neige
Que n’avez-vous offert, o belles, sans retour
Vos seins d’acacias à nos mains sacrilèges ?
 
Toutes les belles d’aube à brûler les minuits,
Celle rose en dedans ainsi qu’une blessure
Et l’autre qui fermait les colombes du bruit,
Toutes uniquement vêtues de chevelure !
 
La rousse qui buvait la foudre du plaisir,
Ferral râlante de son désir satanique,
Sara dont l’onde était transparente à saisir
Et Toots blanche comme un tulipier d’Amérique !
 
Je vous revois aux bouquets rouges du Moulin,
Chastes danseuses phosphorescentes de soufre
Cibles saoules de sève, de saule et de seins,
Mêlant une pudeur de cime au vent du gouffre !
 
Mary chaude, Gertrude pâle aux trous de ciel
Qui revivent encore au Far-West agricole,
Florence “toute nue” comme un péché mortel,
Faibles d’avoir frôlé la flamme d’être folles !
 
Celui qui vous hantait des mots de son espoir
A quitté le poème où subsistaient vos ombres
Il y a si longtemps dans le passé tout noir
Et c’était hier pourtant que vos yeux étaient sombres.
 
Ah ! Fallait-il par vous savoir que se fanaient
Les fleurs, les lèvres, les femmes et les poètes.
Vous aviez des tendresses d’ambre et de forêt
Qui firent ce que vous fûtes et que vous êtes !
 
Pouvez-vous n’être plus que la cendre du feu,
Des vieilles laides dans les églises baptistes,
Des paumes de lessive au bord des fleuves bleus,
Lourdes de déchéance et veuves d’améthyste ?
 
Non ! Ferral blanchisseuse dans l’Alabama ?
Et Ruth fille pour rois qui travaille à journées ?
Toots l’épouse d’un croque-mort du Nebraska
Et Thelma devenue une prostituée ?
 
Ah ! Ne plus être belle après avoir charmé
Les météores qui brûlaient, Place Pigalle,
La centaurée des cœurs et l’herbe des baisers
Et pleurer la lumière éteinte des étoiles.
 
C’est tout cela qui touche un peu chaque matin
Car c’est la chute et non l’amour qui s’éternise
Et je rêve au poète mort du Tabarin
Qui fait ressusciter pour moi vingt ombres grises
 
Anonymes d’ébène et semblables de lait,
Par les frigides fleurs d’un lumineux arcane
Les mots diront, de l’infra-rouge au violet,
Le magique arc-en-ciel des femmes qui se fanent
 
C’était le temps des floraisons et des amours
L’acacia tendait à l’ombre un sein de neige
Que n’avez-vous offert, o belles, sans retour
Vos seins d’acacias à nos mains sacrilèges ?
 
 

Robert Goffin

 
 
Dance Poetry
A comprehensive anthology
Edited by Alkis Raftis
Copyright 2012

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