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DANSEUSE LASSE
La voici refleurir, la rose
Qui naguère s’étiolait…
Naguère ? De prime abord, ce veut dire : n’y a guère.
Et quand donc saurait-on le dire de saisons
l’une en l’autre emboîtées, amorphes ?
Lors on chantait le refleurir
d’une jeune guérissante, d’une joue
moins languide, pour peu que, fraîche encore,
l’épithète convînt, d’une lueur plus vive
enflammant l’œil, embrasant l’astre du regard.
Revient alors le temps où rose et lis ne meurent
quand docile aux vertus des Herbes l’on demeure.
Tes pieds sur la balance te suffisent
à mesurer les quelques milligrammes
que les défuntes rondes de saisons
n’ont su te soustraire. Ensuite tu pourras
reprendre tes ailes, nuvelette
non plus céleste mais terrestre, et rien ne dit
que le ciel s’en apercevra. Il suffit
que quelqu’un s’étonne de te voir, fleur,
redevenir chair à marveille. Cela n’arrive pas tous les jours
en ces neigeux défilés de mort.
Eugenio Montale