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A une valseuse

 

 

 

Pendant que vous valsez, belle, gaie, légère
    Dans les bras du premier venu,
Et que vous acceptez l’étreinte passagère
    D’un étranger, d’un inconnu,
 
Vous la femme si bonne et la vierge si pure
    Ignorant tout du sombre mal,
Vous subissez, modeste et douce, la souillure
    Des désirs qu’avive le bal.
 
Et sans en rien savoir, livrée à la cadence.
    Vous ne sentez pas que des bras
Vous possèdent bien plus que n’exige la danse ;
    Vous valsez et ne pensez pas.
 
Mais moi qui vous adore et tremble de le dire,
    Qui vous aime comme de loin,
Qui connais la vertu de votre cher sourire,
    Hélas ! moi qui ne danse point,
 
Je ne mérite pas cette faveur insigne
    De presser vos petits doigts blancs,
Et je n’ai pas le droit, moi l’ami trop indigne,
    Qu’a le dernier de vos galants...
 
Valsez, charmante fée aux jolis pieds agiles,
    Qu’on se repasse tour à tour
Comme ces fins bijoux délicats et fragiles
    Qu’on admire et qu’on aime... un jour !
 
 
 
 
 
 

Albert Lozeau

 
 
Dance Poetry
A comprehensive anthology
Edited by Alkis Raftis
Copyright 2012

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