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A une valseuse
Pendant que vous valsez, belle, gaie, légère
Dans les bras du premier venu,
Et que vous acceptez l’étreinte passagère
D’un étranger, d’un inconnu,
Vous la femme si bonne et la vierge si pure
Ignorant tout du sombre mal,
Vous subissez, modeste et douce, la souillure
Des désirs qu’avive le bal.
Et sans en rien savoir, livrée à la cadence.
Vous ne sentez pas que des bras
Vous possèdent bien plus que n’exige la danse ;
Vous possèdent bien plus que n’exige la danse ;
Vous valsez et ne pensez pas.
Mais moi qui vous adore et tremble de le dire,
Qui vous aime comme de loin,
Qui connais la vertu de votre cher sourire,
Hélas ! moi qui ne danse point,
Je ne mérite pas cette faveur insigne
De presser vos petits doigts blancs,
Et je n’ai pas le droit, moi l’ami trop indigne,
Qu’a le dernier de vos galants...
Valsez, charmante fée aux jolis pieds agiles,
Qu’on se repasse tour à tour
Comme ces fins bijoux délicats et fragiles
Qu’on admire et qu’on aime... un jour !
Albert Lozeau